Quand il y a le silence des mots,
Se réveille trop souvent la violence des maux.
Mais il ne suffit pas de rompre le silence,
et de sortir du mutisme,
Encore faut-il se sentir reçu, entendu et amplifié
Lors de ses tatônnements à mettre en mots.
Il y a des mots vibrants de vie,
Des mots ferveurs pour l'Amour,
Des mots patience ou enthousiastes pour la compassion,
Des mots de tolérence pour la liberté d'être.
Il y a des mots porteur de mort et de violence,
Chargés de haine et d'ininmitié.
Il y a les mots simples et necessaire du quotidien
Et les mots rares de l'exceptionnel,
Les mots familiers de la banalité
Et les mots précieux de l'extraordinaire.
il y a les mots économes de la survie
Et ceux dont la richesse
Nous transporte vers le meilleur
De l'autre et de nous-mêmes.
Il y a les mots obscurs, hfésitants et torturés,
Des mots balbutiants et aussi des mots posés
Et confiants déjà plus mâtures,
Pleins de sagesse et de sérénité,
Lourds de tout leur poids d'espoir
Et du sens profond qu'ils portent.
Il faut déjà du temps pour qu'un ressenti,
Une émotion, un vécu trouvent le chemin des mots,
Pour qu'ils migrent des lieux du corps où ils naissent
Et s'inscrivent,
jusque sur la scène symbolique de la représentation,
Et qu'ils accèdent ainsi au registre de la pensée,
Par un subtil travail de transformation
Qui mène de l'irreprésenté au figurable, de l'informulé au dicible,
Il faut parfois bien plus de temps encore,
Pour qu'un mot devienne parole,
pour qu'il sorte des limbes de l'imaginaire
Où il a été conçu et vienne ainsi au monde
Dans le passage étroit et délicat
Qui va de l'impression à l'expression,
De l'ouverture de soi à la transmission à l'autre.
Jacques Salomé